Le premier jour de notre session avec Vestard Shimkus.
Né en 1984, ce Letton est une personnalité phénoménale, si intense dans le jeu, brillante, virtuose et profondément originale dans ses choix expressifs. Au programme du jour, la Seconde Sonate de Rachmaninov dans sa version originale (1913), d’une grande difficulté technique et musicale. Fascinant de voir comme Shimkus dévore littéralement le piano. Il a une rage irrépressible de l’instrument, et s’y exerce souvent avant de se lancer à proprement parler dans l’enregistrement des mouvements. Continuer la lecture de Session Vestard Shimkus – Day 1→
A ne pas mettre entre les mains des cœurs fragiles. Depuis nos précédents articles, notre enthousiasme vis-à-vis de la stupéfiante Quatrième de Sibelius d’Ansermet et de l’orchestre genevois en 1963 ne s’atténue pas. Les interrogations fusent : comment peut-on donner une vision aussi rauque et noire avec un orchestre si naturellement lumineux et ensoleillé ? Ecoutez les Brahms des mêmes sessions et le début de Sibelius !, … le monde a basculé. Comment Ansermet arrive-t-il à suggérer cette impression de malaise psychologique croissant ? Le tempo très modéré du dernier mouvement n’en est pas la seule explication. Le travail du chef sur les couleurs, les textures et les oppositions orchestrales est prodigieux de bout en bout, tel ce premier accord qui installe d’emblée un climat d’incertitude harmonique inoubliable – l’oreille y perçoit méticuleusement tous les instruments employés (ah, les bassons français!).