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Tout d’un grand

Mai 1980, Berl Senofsky revient en Belgique où il avait remporté vingt-cinq ans plus tôt le Concours Reine Elisabeth. Dans le studio de la Radio de Gand, porté par l’accompagnement somptueux Continuer la lecture de Tout d’un grand

Apocalypse

À la césure des deux parties du Livre des sept sceaux, une pièce pour l’orgue seul rappelle quel maître de cet instrument fut Franz Schmidt. Le motif qui hantait toute la Quatrième Symphonie, tombeau pour sa fille, y rode tel un spectre. Continuer la lecture de Apocalypse

Persistance de Vienne

Dans sa pertinente note d’intention en forme d’entretien, Jonathan Berman analyse avec autant de finesse que de clairvoyance ce qui fait la singularité de l’orchestre de Franz Schmidt, compositeur génial dont Gustav Mahler vantait l’art, violoncelliste au sein des Wiener Philharmoniker, auteur de quatre symphonies où se résume toute cette Vienne issue de Bruckner qu’aura séduit le triumvirat SchönbergBergWebern sans pourtant l’enivrer.

Les trois Modernes furent Viennois en quelque sorte dans les limites du Ring, des visionnaires d’autres mondes reclus dans le sein d’un univers déjà mort. Franz Schmidt est l’ultime musicien de l’Empire, un génie des « marches », pour lui celle très proche de Presbourg (Bratislava, une petite heure de voiture dont le Rideau de fer fit longtemps une éternité), cette Slovaquie qui était alors un prolongement de Vienne, mais déjà un ailleurs. Son condisciple Ernő Dohnányi, choisira Budapest, et la scission plutôt que la Sécession. Franz Schmidt regagnera Vienne, s’immergeant dans les fantômes d’une époque qu’il sera l’ultime à faire revivre.

Toutes ses symphonies ne sont-elles pas des songes éveillés, même dans leurs éclats ? La Deuxième est un hymne solaire empli de danses, d’une science d’orchestre qui pour la palette n’a rien à envier à celle de Joseph Marx, mais dont la maîtrise polyphonique est tout autre. Comme Bruckner, Schmidt fut aussi organiste, certes laïc, mais comment ne pas entendre dans son orchestre les complexités harmoniques et la variété des jeux des grands orgues romantiques ?

Jonathan Berman confie avoir découvert l’univers de Schmidt par le microsillon archétypal de Zubin Mehta et des Wiener Philharmoniker : l’orchestre, dans une époque où il rechignait au « Mahler revival », y chantait dans son arbre généalogique avec tant de douleur – l’œuvre est un requiem pour la fille du compositeur – et de plaisir à la fois. Ils étaient chez eux.

Les Gallois y sont-ils ? Oui, avec des prudences parfois, mais une telle intelligence de cette musique qu’on tient probablement là le cycle le plus pertinent consacré à ce quatuor de chefs-d’œuvre, et quelle Quatrième Symphonie douce-amère, quelle coda du Finale de la Deuxième, quelle science dans ses Variations, quelle inspiration au long des Langsam et des Adagios, quel geste enflammé pour la Première !

Vous pourrez apprendre en confiance les quatre opus dans la gravure impeccable de Paavo Järvi et des Francfortois (Deutsche Grammophon), vous enivrer à la 2e selon Neeme Järvi à Chicago (Chandos), chercher le rare enregistrement slovaque de la Troisième selon Libor Pešek (Supraphon), revenir à la Quatrième dévastatrice (pour moi définitive, je songe toujours en l’entendant à cette autre symphonie-requiem qu’est l’Asrael de Josef Suk) de Yakov Kreizberg (Pentatone), où à celles, historiques et viennoises, de Rudolf Moralt (Forgotten Records) puis de Metha, mais vous tiendrez ici tout l’univers Schmidt, ambivalent, solaire, funèbre, mystérieux, immortel.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schmidt (1874-1939)
Symphonie No. 1 en mi majeur
Symphonie No. 2 en mi bémol majeur
Symphonie No. 3 en la majeur
Symphonie No. 4 en ut majeur
Notre Dame, Op. 2 (2 extraits
orchestraux : Musique de carnaval, Intermezzo)

BBC National Orchestra of Wales
Jonathan Berman, direction

Un coffret de 4 CD du label Accentus Music ACC80544
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Photo à la une : le chef d’orchestre Jonathan Berman, durant les sessions d’enregistrement – Photo : © Accentus Music