À l’occasion du centenaire de la naissance de Karajan en 2008, Seiji Ozawa et Anne-Sophie Mutter ont entrepris une tournée hommage, qui les a menés de Berlin, à Paris, Lucerne, Vienne puis Salzbourg (la ville natale de HvK), avec l’orchestre que le maestro a dirigé pendant plus de trente ans Continuer la lecture de Hommage à Karajan
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Univers Lutoslawski
Krzysztof Urbański, avec sa belle gueule virile, passe pour l’un des espoirs de la nouvelle génération de la direction d’orchestre. Charismatique, il l’est assurément, du moins sur la pochette du disque : manches retroussées laissant voir des avant bras musculeux dans un noir et blanc karajanesque : Clouzot, sors de ce disque ! Continuer la lecture de Univers Lutoslawski
Les enfants dans la maison
Pour L’Enfant et les sortilèges, ma religion est faite depuis belle lurette : Ansermet, Ansermet, Ansermet, même s’il m’arrive de donner de l’oreille chez Ernest Bour, Armin Jordan ou Lorin Maazel. Pourtant, dès qu’une nouvelle version pointe le bout de son nez, je ne résiste pas, espérant un nouveau miracle. La seule promesse d’un Enfant selon Seiji Ozawa me faisait rêver. N’avait-il pas signé à Boston une des plus accomplies intégrales de l’œuvre d’orchestre ?
Mais non, enregistré à la diable lors d’une représentation au Japon, sa lecture précautionneuse et assez sèche passe à coté de l’émotion et de la fantaisie, malgré quelques chanteurs formidables (Yvonne Naef, Paul Gay, Jean-Paul Fouchécourt). Le disque vaut surtout par ses bonus, déjà publiés d’ailleurs, une Shéhérazade enfin parée de l’étoffe des songes selon Susan Graham et une Alborada del gracioso plus élégante que mordante.
Un mois plus tard, nouvel Enfant, cette fois dans le cadre de l’intégrale Ravel entreprise à Lyon par le nouveau chef de l’Orchestre National de la Capitale des Gaules, Leonard Slatkin, qui jusque-là ne m’avait guère enthousiasmé. Oui mais voilà, soudain, tout change.
Même si Slatkin n’a pas la poésie brillante d’Ansermet, ni son style si évident, il trouve le ton de l’œuvre, emporté par une distribution faramineuse qui aligne Annick Massis, Delphine Galou, Marc Barrard, Julie Pasturaud, Ingrid Perruche, Nicolas Courjal et Jean-Paul Fouchécourt, excusez du peu !
Pour toute la première partie de l’œuvre où la maison s’anime, un ton de fantasmagorie s’invite – on passe du banal, piqué quand même par la mère très « bourge » de Delphine Galou au délire conduit par Julie Pasturaud en Chaise Louis XV complètement piquée ! Marc Barrard en Horloge suffocante, le duo Théière–Tasse détaillé avec un art du burlesque savoureux, Jean-Paul Fouchécourt lançant ses calculs diaboliques bien plus percutant qu’avec Ozawa et rappelant le brio qu’y mettait Hugues Cuénod, le Feu vif et la Princesse tendre d’Annick Massis avec une flûte magique, c’est merveille.
Le Jardin est moins extraordinaire, souffrant de montages et de césures trop audibles, Slatkin n’y mettant pas la touche nocturne et fantasque, la fantaisie étrange qu’y suscitait Ansermet – seul Armin Jordan la retrouva en partie – mais là encore, l’équipe de chant fait merveille : Dieu, comme L’Arbre de Nicolas Courjal est étreignant, nous renvoyant aux horreurs de la Première Guerre Mondiale qui éprouvèrent tant Ravel.
Et L’Enfant ? Hélène Hébrard fait aussi bien qu’elle peut, mais n’est pas Flore Wend, et pourquoi enfin ne pas avoir tenté un véritable garçon en prenant un alto dans la Maîtrise de l’Opéra National de Lyon dont les jeunes gosiers sont si percutants ici ? La question reste ouverte.
En complément, une assez morne lecture de Ma mère l’Oye dans sa version intégrale, enregistrée deux années auparavant, montre à quel point l’orchestre et le chef se sont depuis mieux compris, de quoi guetter les prochaines parutions de cette série avec intérêt, d’autant que François Dumont sera le héros des Concertos et que L’Heure espagnole affichera un quatuor renversant : Isabelle Druet, Frédéric Antoun, Nicolas Courjal, Luca Lombardo !
LE DISQUE DU JOUR
Maurice Ravel (1875-1937)
L’Enfant et les sortilèges
Shéhérazade*
Alborada del gracioso (version orchestrale)
Isabel Leonard, mezzo-soprano (L’Enfant)
Yvonne Naef, mezzo-soprano (Maman, La Libellule, La Tasse chinoise)
Paul Gay, baryton-basse (Le Fauteuil, un Arbre)
Anna Christy, soprano (Le Feu, la Princesse, le Rossignol)
Marie Lenormand, mezzo-soprano (La Chatte, l’Ecureuil)
Elliot Madore, baryton (L’Horloge comtoise, le Chat)
Jean-Paul Fouchécourt, ténor (La Théière, le Petit Vieillard, la Rainette)
Kanae Fujitani, soprano (La Bergère, La Chauve-souris)
*Susan Graham, mezzo-soprano
Saito Kinen Orchestra
Seiji Ozawa, direction
Un album du label Decca 4786760
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Maurice Ravel (1875-1937)
L’Enfant et les sortilèges
Ma Mère l’Oye (Ballet intégral)
Hélène Hébrard, soprano (L’Enfant)
Delphine Galou, contralto (Maman, La Libellule, La Tasse chinoise)
Julie Pasturaud, mezzo-soprano (La Bergère, la Chatte, l’Ecureuil, un Pâtre)
Jean-Paul Fouchécourt, tenor (La Théière, le Petit Vieillard, la Rainette)
Marc Barrard, baryton (L’Horloge comtoise, le Chat)
Nicolas Courjal, basse (Le Fauteuil, un Arbre)
Ingrid Perruche, soprano (La Chauve-souris, la Chouette, une Pastourelle)
Annick Massis, soprano (Le Feu, la Princesse, le Rossignol)
Chœur Britten
Jeune Chœur symphonique
Maîtrise de l’Opéra National de Lyon
Orchestre National de Lyon
Leonard Slatkin, direction
Un album du label Naxos 8.660336
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Photo à la une : (c) DR
De l’art de bien rééditer, Vol. 13 : Seiji Ozawa – L’empire des sons
Un coffret, discrètement édité par Disky Classics en 2002 reprenait les enregistrements EMI de Seiji Ozawa : sept disques. Voici que Warner publie une somme de vingt-cinq galettes ! Deux explications : chaque disque reproduit un microsillon – Continuer la lecture de De l’art de bien rééditer, Vol. 13 : Seiji Ozawa – L’empire des sons
Ravel=Boston
5 Octobre 2007, concert d’abonnement du Boston Symphony Orchestra, James Levine dirige Daphnis et Chloé, une de ses œuvres fétiches qu’il avait enregistrée pour Deutsche Grammophon avec les Wiener Philharmoniker, leur en faisant apprendre l’intégralité alors qu’ils n’en « connaissaient » que la Deuxième Suite. Disque splendide Continuer la lecture de Ravel=Boston