Adolescent, Florian Noack eut la révélation de Prokofiev en voyant Severin von Eckardstein jouer le Deuxième Concerto lors de la finale du Concours Reine Elisabeth, cette alliance de grâce et de fièvre le subjugua, et devait induire chez le jeune pianiste Continuer la lecture de Contes et bombes
Archives par mot-clé : Severin von Eckardstein
Piano-lumière
La Maison dans les dunes, le journal musical de convalescence que Gabriel Dupont écrit sur son papier à musique face à la mer dans sa villégiature du golfe d’Arcachon durant l’hiver 1908-1909, aura connu une assez belle fortune au disque Continuer la lecture de Piano-lumière
En demi-teinte
Il y a des disques dont j’espère trop, péché mortel que la convoitise ! Voici que s’annonçait tout un disque Schumann selon Severin von Eckardstein, de plus au programme parfaitement cohérent : les trois cycles de Fantaisies.
Mais voilà, l’ouvrir justement par le triptyque de l’Opus 111 Continuer la lecture de En demi-teinte
L’adieu aux charmes
Severin von Eckardstein énonce le thème du Moderato de la Reliquie presque factuellement, droit en quelque sorte, sans lui prêter ce caractère d’interrogation que tant suggèrent. C’est qu’il entend déjà l’impérieux crescendo qui suit, ce ton héroïque, dressé, ardent, si proche des déclamations de la Wanderer-Fantasie. Beethoven est derrière ce Schubert clair mais ardent, qui ne s’épanche pas, mais avance, impérieux, hautain, réglant avec une science insensée les équilibres d’une harmonie qui fait chanter tout le piano comme une vaste lyre.
Pour la Reliquie, cette épure prend un ton d’évidence. Mais pour la sombre D. 959 ? Allez directement à l’Andantino, exactement andantino, quasi aussi rapide que celui mythique d’Andor Foldes (EMI). Mais lorsque le thème revient piano, cette main gauche qui module, ombre tragique sans que rien de pathétique n’y participe, puis plus loin les accents cassés des accords de la main droite, si ce n’est pas comprendre tout de Schubert ! Et lorsque la tempête paraît à la fin du mouvement, un Dieu monstrueux la fait souffler, froide, glacée, comme une vision de Winterreise.
Ce disque radical est bien à l’image d’un pianiste à part, résolument à l’écart, c’est certainement l’un de ses plus absolument grands, et il faut bien avouer que la presse s’est empressé de s’y montrer indifférente. Mais le retrouvant sur les conseils de Pierre-Yves Lascar, je comprenais soudain ce qui m’avait tant surpris à l’écoute des Moments musicaux donnés en concert durant l’édition 2006 du Klavier-Festival Ruhr : cette nudité du son, ce refus du charme, cette route droite, implacable, cette solitude des mélodies, c’est l’essence même de Schubert.
Au moins le festival allemand aura consacré un double album à ce pianiste trop rare au disque, au répertoire toujours surprenant. Voyez un peu : deux Concertos de Mozart mais dans l’arrangement d’Hummel pour quatuor avec piano (la flûte d’Andrea Lieberknecht, le violon d’Andrej Bielow, le violoncelle de Nicolas Altstaedt), la 4e Sonate de Prokofiev jouée avec une fantaisie triste déconcertante.
Mais tout cela s’efface devant des Miroirs de Maurice Ravel étrangement distanciés, joués avec une sorte de froideur terrible, comme épurés eux aussi. Dans ses paysages où les oiseaux ne sont pas seuls à être tristes, un personnage chemine, qui finira englouti dans une des plus impassibles Vallée des cloches que j’ai jamais croisées. De quoi rester longtemps immobile devant cette porte entrouverte sur un indicible cauchemar.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1827)
Sonate pour piano No. 15
en ut majeur, D. 840
Sonate pour piano No. 19
en la majeur, D. 959
Severin von Eckardstein, piano
Un album du label Fuga Libera FUG563
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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano No. 24
en ut mineur, K. 491*
Concerto pour piano No. 25
en ut majeur, K. 503*
Franz Schubert (1797-1828)
Moments musicaux, D. 780, Op. 94
Maurice Ravel (1875-1937)
Miroirs
Maurice Ravel (1875-1937)
Miroirs
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Sonate pour piano No. 4 en ut mineur, Op. 29, « D’après de vieux cahiers »
Severin von Eckardstein, piano
*Andrea Lieberknecht, flûte
*Andrej Bielow, violon
*Nicolas Altstaedt, violoncelle
Un album de 2 CD du label Edition Klavier-Festival Ruhr (Vol. 13 : 553064
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Photo à la une : © Ir¿ne Zandel
Bruxelles 2003
Le Concours Reine Elisabeth fut traversé cette année là par un dilemme cornélien. Un jeune chinois de seize ans, Wen-Yu Shen mettait à genoux le public et le jury par son interprétation si subtilement lyrique du Troisième Concerto de Rachmaninov. Grand son, mais sans ostentation, legato stupéfiant, Continuer la lecture de Bruxelles 2003