Trente-sept Sonates, des connues, d’autres moins, jouées dans un piano clair qui ose le sostenuto, orne librement mais sans jamais perdre la ligne ou le rythme : écoutez seulement la Sonate en la mineur qui ouvre le second CD Continuer la lecture de Son Scarlatti
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Tous ses visages
La sélection est finement menée, tirant de l’imposant corpus écrit pour les claviers divers par Carl Philipp Emanuel Bach, deux heures vingt de musiques qui illustrent à quel point clavecin, clavicorde, pianoforte, furent les éléments essentiels de l’atelier du plus inventif des fils Bach.
À chaque fois qu’un pianiste aborde cet univers, je m’étonne que les textes ne soient jamais trahis par le piano moderne. Carl Philipp Emanuel fut-il à ce point visionnaire ? Sa musique s’incarne dans toute sa sève, avec toutes ses couleurs, sur le magnifique Steinway que touche Marc-André Hamelin.
Le virtuose se régale des pages les plus brillantes, des inventions les plus piquées, de ce goût pour le bizarre qui fait de certaines Sonates, de telle Fantaisie des œuvres d’art pour des cabinets de curiosités. Le musicien fend l’armure du virtuose devant la sublime écriture minimaliste de l’Abschied von meinem Silbermannischen Claviere, dans la sublime Freie Fantasie, et que de subtilités dans les petites pièces à titre (La Complaisante, L’Herrmann, La Prinzette), portraits où se rappellent les touches subtiles des clavecinistes français.
Marc-André Hamelin a tout saisi de cet univers entre deux mondes qui démultiplie les visages d’un compositeur à la croisée des chemins, il fait entendre l’aspect savant d’une écriture qui joue avec les frontières de l’harmonie classique, mais débusque aussi la grâce mélodique qui souvent annonce Mozart.
Pas de meilleur guide que cet essentiel double album pour entrer dans cet univers. Le remarquable texte de Mahan Eshfahani vous y aidera.
LE DISQUE DU JOUR
Carl Philipp Emmanuel Bach (1714-1788)
Sonate en la bémol majeur, H. 31, Wq. 49/2
Sonate en la mineur, H. 247, Wq. 57/2
Sonate en fa mineur, H. 173, Wq. 57/6
Sonate en mi mineur, H. 281, Wq. 59/1
Sonate en ré majeur, H. 286, Wq. 61/2
Sonate en mi mineur, H. 66, Wq. 62/12
Rondo en mi majeur, H. 265, Wq. 57/1
Rondo en mi majeur, H. 274, Wq. 58/3
Rondo en si bémol majeur, H. 267, Wq. 58/5
Rondo en ut mineur, H. 283, Wq. 59/4
Abschied von meinem Silbermannischen Claviere, in einem Rondo, H. 272, Wq. 66
Arioso avec 9 variations en ut majeur, H. 259, Wq. 118/10
Fantaisie libre en fa dièse mineur, H. 300, Wq. 67
La Prinzette, H. 91, Wq. 117/21
L’Hermann, H. 92, Wq. 117/23
L’Aly Rupalich, H. 95, Wq. 117/27
La Complaisante, H. 109, Wq. 117/28
Marc-André Hamelin, piano
Un album de 2 CD du label Hyperion CDA68281/2
Acheter l’album sur le site du label Hypérion Records, sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr
Photo à la une : © Karolina Skorek/Arcangel/Hypérion
Passage du temps
Deux visages. Commençant par celui à la Francis Bacon : Hans von Bülow s’évertua à regrouper dix-huit Sonates de Scarlatti qu’il aimait jouer – on oublie qu’il fut également un pianiste de première force -, les « modernisant ». Cela s’écoute même si on perçoit bien Continuer la lecture de Passage du temps
Le génie Bacewicz
En postlude à cet album saisissant qui présente les deux premières Sonates – déjà rarement enregistrées – Joanna Sochacka grave en première mondiale la Sonate de 1930, où une Grażyna Bacewicz de vingt ans invente sa poésie crépusculaire en la déduisant de la Sonate d’Alban Berg Continuer la lecture de Le génie Bacewicz
Pureté
A tempo giusto, Paul Lewis poursuit son exploration du piano de Haydn, en saisissant la singularité dans l’orbe du classicisme. Foin des foucades et des bizarreries dont Glenn Gould les épiçait, il les fait sœurs de celles de Mozart, préférant la poésie à la démonstration Continuer la lecture de Pureté