Quelques années avant que Colin de Blamont ne compose son opéra, Joseph Bodin de Boismortier mettait en musique les vers d’un jeune poète habile, Charles-Antoine Leclerc de La Bruère, loué par Voltaire, destinés à un grand ballet dédié au Prince de Carignan, alors directeur de l’Opéra. Continuer la lecture de Les caractères de l’Amour
Archives par mot-clé : Thomas Dolié
Jephté
Charpentier avait réservé les fureurs et les étreintes de son saisissant David et Jonathas au Collège Louis-le-Grand, Montéclair osa présenter sur la scène de l’Académie Royale de Musique la première tragédie lyrique sur un sujet pris dans la Bible. Continuer la lecture de Jephté
Apollon démasqué
Louis-Noël Bestion de Camboulas et Les Surprises ont de la suite dans les idées, ils poursuivent leur explorations du catalogue de Destouches pour nous offrir le premier enregistrement de cette Issé Continuer la lecture de Apollon démasqué
Les Indes brillantes
Le plus célèbre des opéras de Rameau depuis qu’il sera revenu dans l’opulent habillage de Büsser sur la scène de Garnier en 1952 ? L’ouvrage fit en tous cas la légende du Dijonnais pour un public Continuer la lecture de Les Indes brillantes
Pour la Paix
Brossé rapidement sur le livret plein d’éclats de Louis de Cahuzac, Naïs fut donné à l’Académie Royale de Musique le 27 avril 1749 pour célébrer la victoire « à la Pyrrhus » d’Aix-la-Chapelle. Rameau y brûla un rien toutes ses cartouches dans le formidable Prologue : son bruit de guerre en guise d’ouverture et la lutte des Titans et des Dieux lui ont inspiré des effets qui saisissent encore aujourd’hui, mais si l’on trouve des interprètes sensibles, les trois actes de cette pastorale héroïque dévoilent leurs charmes, ses musiques de danse sont parmi les plus ouvragées coulées de la plume du Dijonnais, son orchestre reste toujours aussi étourdissant.
En 1980, Nicholas McGegan redonnait ses chances à l’ouvrage, un enregistrement suivi sans convaincre vraiment ; depuis, Naïs attendait son heure, la voici venue.
Emportant Prologue et Pastorale d’un seul geste, György Vashegyi incarne enfin l’œuvre dans toute sa magnificence, lui donnant un souffle épique, y distillant un théâtre tour à tour spectaculaire ou subtil qui rend justice autant au livret de Cahuzac – on ne voit plus guère Louis XV derrière Jupiter ou Georges II derrière Neptune, les caractères dramatiques s’incarnent en eux-mêmes – qu’à la musique si inventive de Rameau.
Et enfin, György Vashegyi offre à Naïs ce que McGegan ne pouvait lui offrir : une équipe de chant quasi toute francophone, pour laquelle la pratique historiquement informée est une première nature : Reinould van Mechelen, Neptune ardent, Florian Sempey, Jupiter dans toute sa superbe, le Pluton de Thomas Dolié, et la Naïs fruitée de Chantal Santon-Jeffrey – quel vrai théâtre !
Cette nouvelle anthologie de l’opéra baroque française née sur les rives du Danube hongrois est décidément prodigue en découvertes, hier l’Isbé de Mondonville, aujourd’hui Naïs, quelle sera la prochaine merveille révélée ? Campra mériterait bien les attentions de cette vaillante troupe.
LE DISQUE DU JOUR
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Naïs
Chantal Santon-Jeffery, soprano (Naïs)
Reinoud Van Mechelen, ténor (Neptune)
Florian Sempey, baryton (Jupiter, Tirésie)
Thomas Dolié, baryton (Pluton, Télénus)
Manuel Nuñez-Camelino, ténor (Astérion)
Daniela Skorka, soprano (Flore, une Bergère)
Philippe-Nicolas Martin, baryton (Palémon)
Márton Komáromi (Protée)
Purcell Choir
Orfeo Orchestra
György Vashegyi, direction
Un album de 2 CD du label Glossa GLO924003
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Photo à la une : © DR