Le verso du disque promet : Vincent Larderet, dont la relecture radicale des Concertos avait fait couler beaucoup d’encre (voir ici) s’est engagé dans la première intégrale vraiment complète de l’œuvre pour piano seul de Maurice Ravel, annonçant quatre volumes, ce qui suppose bon nombre d’inédits. Continuer la lecture de Nouveau Ravel
Archives par mot-clé : Vincent Larderet
Deux nuances du Sombre
Ombre et lumière vraiment ? Vincent Larderet nous plonge dans l’abîme de Liszt. Sa version d’Après une lecture du Dante, impérieuse, hautaine, d’une présence pianistique ardente trouvera des échos amers dans les deux autres grandes partitions qui jalonnent Continuer la lecture de Deux nuances du Sombre
Mystère et Martyre
C’est le secret de Debussy : abolir le temps et l’espace. Si sa musique doit à toute force être un paysage, c’est d’abord un horizon, une de ces toiles dont le ciel occupe les deux tiers. Car au-delà de la figuration, une spiritualité s’impose Continuer la lecture de Mystère et Martyre
Les progressistes
Schoenberg vouait un culte aux œuvres de Brahms : derrière la maîtrise formelle et le langage déjà postromantique, il saisissait la musique d’un autre temps, le sien justement. Ce n’est donc pas à partir de rien que Vincent Larderet marie sur le même album la symphonie de piano de la 3e Sonate, les Intermezzi Op. 117 et la Sonate de Berg. On pourrait rêver d’un second disque mariant les Opus 118 et 119 de Brahms avec les Klavierstücke Op. 11, 19 et 23 de Schoenberg où le propos serait en quelque sorte parfait.
Mais plutôt que la confrontation formelle, il a choisi d’exposer la persistance lyrique entre l’univers de Brahms et celui de Berg. Lyrique, sa Troisième Sonate l’est assurément, sans perdre pour autant les carrures marquées, le jeu orchestral, la volonté d’espace qui charpentent un Allegro vraiment maestoso.
Cette ampleur, ce ton affirmé font le souple nocturne de l’Andante espressivo d’autant plus étonnant : il avance, très libre de conduction, lumineux dans cette nuit de demi-lune, dit plutôt que chanté. C’est faire entendre le sous-texte que Brahms y glisse, une vraie supplique amoureuse. Scherzo en armure, impérieux, d’où se libère un Rückblick plus affirmatif qu’interrogatif, beethovénien, au contraire du Finale dont Larderet ne cache rien des complexités, assumant son agogique fantasque, ce fameux Allegro moderato ma rubato sur lequel tant de pianistes passent allégrement, occupés de tenir la ligne, incapables de voir les paysages.
Décidément la Troisième Sonate a de la chance au disque en ce moment, après celle si envoûtante de Gabriele Carcano, Vincent Larderet en modèle une toute autre vision. L’art du pianiste français se libère plus encore dans les trois Intermezzi de l’Op. 117, disant les contrechants, animant l’espace plutôt que le lissant dans le sfumato, usant de la sonorité naturelle de son très beau Steinway.
La Sonate de Berg peut paraître, son premier motif désarmant caressant la nostalgie. Une tristesse s’installe, qui ne se résoudra pas, quelque chose de vainement tendu me rappelle la manière si singulière qu’y mettait Maria Yudina. Ce n’est pas rien.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour piano No. 3
en fa mineur, Op. 5
3 Intermezzi, Op. 117
Alban Berg (1885-1935)
Sonate pour piano, Op. 1
Vincent Larderet, piano
Un album du label Ars Produktion ARS 38 217
Acheter l’album sur le site du label Ars Produktion, sur le site www.uvmdistribution.com, ou sur Amazon.fr
Photo à la une : © Martin Teschner
Ravel secret
En 1912, Maurice Ravel « recomposa » pour le piano trois fragments tirés de son Daphnis et Chloé alors que les Ballets russes créaient l’œuvre au Châtelet le 8 juin, Michel Fokine déployant une chorégraphie mêlée de pantomime spécialement Continuer la lecture de Ravel secret