Stupéfier ? Philippe Jordan préfère surprendre dans cet ultime volume qui parachève sa seconde intégrale des Symphonies de Beethoven. Je redirai ici qu’à Vienne, il réalise le projet dont son parcours avec l’Orchestre de l’Opéra de Paris avait été plus qu’une esquisse Continuer la lecture de Le Nouveau monde
Archives par mot-clé : Wiener Symphoniker
Grand d’Espagne
Ernest Ansermet essuya les foudres du destin par deux fois : ses successeurs désignés, Christian Vöchting et Ataúlfo Argenta périrent trop jeunes dans les premières années de leurs carrières internationales. Vöchting eut à peine le temps d’enregistrer quelques disques Continuer la lecture de Grand d’Espagne
D’un orchestre l’autre
Comment s’étonner qu’à Vienne, avec ses Symphoniker, Philippe Jordan poursuive un cycle Beethoven aussi solaire ? Les tempos prestes, l’articulation vive, les phrasés subtils qui tirent l’oreille intègrent évidemment les novations de l’édition Del Mar Continuer la lecture de D’un orchestre l’autre
L’ivresse et la maîtrise
Beethoven, écrivant sa Deuxième Symphonie, atomisait avec les armes-mêmes de Haydn le monde de l’orchestre classique. Une énergie virulente s’y mariait avec une fantaisie des timbres Continuer la lecture de L’ivresse et la maîtrise
Paris-Vienne
Les Symphonies de Beethoven ont une histoire française : Habeneck, comme le notait Balzac, mettait son public sens dessus dessous en les dirigeant avec une exaltation débridée – peut-être Furtwängler fit-il ainsi au siècle suivant de l’autre côté du Rhin – habituant les Parisiens à se faire une certaine idée des neuf symphonies : l’œuvre d’un démiurge qui osait tout, et pour cela, enthousiasmait Berlioz.
Carl Schuricht, les enregistrant pour le disque avec la Société des Concerts du Conservatoire, leur donna pour l’ère moderne un visage nouveau, énergie pure, couleurs claires, lignes élégantes, comment ne pas appliquer les mêmes caractéristiques à l’intégrale que Philippe Jordan présenta lors de la saison 2014-2015 avec son Orchestre de l’Opéra de Paris et qui fut filmée entre Bastille et Garnier (pour les Deuxième et Septième dont l’acoustique est plus flatteuse) ?
L’élégance suprême du geste de ce jeune homme rappelle rien moins que celle d’André Cluytens : Philippe Jordan danse son Beethoven dans un ballet de bras aussi précis qu’évocateur. Quelle énergie tout du long qui sans cesse élève le discours de Beethoven sans jamais l’hystériser. La balance, parfaite, quasi mozartienne par la finesse des équilibres entre bois et cordes, n’assène jamais les cuivres : eux aussi, ils élancent le discours : voyez toute la Septième Symphonie, tenue avec cette rigueur solaire qui me rappelle celle qu’y mettait Guido Cantelli. Tout le cycle est magnifique, en lumière, classique,résumant le style impeccable qu’aura imposé Philippe Jordan à La Grande Boutique.
Nommé directeur musical des Wiener Symphoniker, il n’aura eu de cesse que d’y recommencer son Beethoven, le confrontant à un orchestre qui le joue de haute tradition, pas moins que celle illustrée par leurs collègues des Wiener Philharmoniker.
Et c’est merveille, car cette fois l’accord est parfait entre le style de la phalange, le propos de son chef et l’acoustique de la Goldener Saal. Le ton cravaché de son Eroica où tout semble si naturel et pourtant si dramatique, est en soi miraculeux par cette tension fuligineuse des lignes, la souplesse mordante des rythmes, la fluidité nerveuse de l’ensemble, les fulgurances de la polyphonie qui envole littéralement l’orchestre dans le Finale. Tout cela fait une Eroica de première grandeur, d’une hauteur de vue, d’une perfection de réalisation qui vous transporte par une pure énergie.
Sans pathos, mercurienne, leur 5e Symphonie ne ressemble à aucune autre, même si son legato subtil évoque celui de Karajan, l’analogie n’est pas un mince compliment, d’autant qu’elle n’est pas vaine. Le travail sur les phrasés et les accents conduit la Quatrième très loin dans sa furia de cordes, quel Finale !, et la Première Symphonie déjà résonne comme une proclamation totale du génie beethovénien.
Les deux premiers jalons de cette intégrale exaltante avivent mon impatience des suivants.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 1 en ut majeur, Op. 21
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 36
Symphonie No. 3 en mi bémol majeur, Op. 55 „Eroica“
Symphonie No. 4 en si bémol majeur, Op. 60
Symphonie No. 5 en ut mineur, Op. 67
Symphonie No. 6 en fa majeur, Op. 68 « Pastorale »
Symphonie No. 7 en la majeur, Op. 92
Symphonie No. 8 en fa majeur, Op. 93
Symphonie No. 9 en ré mineur, Op. 125 « Chorale »
Ricarda Merbeth, soprano
Daniela Sindram, mezzo-soprano
Robert Dean Smith, tenor
Günther Groissböck, baryton-basse
Chœurs et Orchestre de l’Opéra National de Paris
Philippe Jordan, direction
Un coffret de 4 DVD du label Arthaus 109248
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Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 1 en ut majeur, Op. 21
Symphonie No. 3 en mi bémol majeur, Op. 55 „Eroica“
Wiener Symphoniker
Philippe Jordan, direction
Un album du label Wiener Symphoniker WSO013
Acheter l’album sur le site du label Avie Records ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 4 en si bémol majeur, Op. 60
Symphonie No. 5 en ut mineur, Op. 67
Wiener Symphoniker
Philippe Jordan, direction
Un album du label Wiener Symphoniker WSO014
Acheter l’album sur le site du label Avie Records ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com
Photo à la une : © DR