Ne fuyez pas ! Dans un premier temps, ce que fait le soprano singulier de Barbara Hannigan dans les Trois Mélodies « nues » de 1886 pourra vous effrayer. Avec raison, et vous agacer également le ton volontairement niais qu’elle met à celles des Trois autres Mélodies. Une fois passé l’Hymne pour le Sar Peladan, et si vous avez survécu, oserez-vous entrer dans ce pourquoi existe ce disque : Socrate.
Les voix féminines y sont rares, jadis Suzanne Danco l’avait tenté dans la version orchestre, à la demande de Darius Milhaud, puis revenant à la version avec piano, Hugues Cuénod avait littéralement confisqué l’œuvre.
Eh bien, dans la récitation modale de Socrate, Hannigan est magnifique d’attention, de poésie, d’allusion, et soudain le piano de Reinbeert de Leuw, si rompu à la langue de Satie, ne l’accompagne plus, mais se marie à ce timbre si clair.
Tout l’album dégage un parfum d’étrange, quelque chose de déconcertant qui est assez dans « l’esprit Satie » pour qu’on en accepte le propos radical.
LE DISQUE DU JOUR
Erik Satie (1866-1925)
3 Mélodies (1886)
3 autres Mélodies (1886-1906)
Hymne, pour le « Salut Drapeau » du « Prince de Byzance » du Sâr Péladan
Socrate, drame symphonique en 3 parties pour voix et orchestre ou piano
Barbara Hannigan, soprano
Reinbert de Leeuw, piano
Un album du label Winter & Winter 910 234-2
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Photo à la une : © Raphael Brand