Archives par mot-clé : Zubin Mehta

Se souvenir

Tout jeune homme, Claudio Abbado enregistrait parmi ses premiers disques pour Decca une Première Symphonie de Bruckner alerte, vive, brillante : son tempérament naturellement fougueux y épousait en quelque sorte celui du compositeur et trouvait Continuer la lecture de Se souvenir

L’éternel retour

Jeune homme, Zubin Mehta, avec Claudio Abbado, chanta au sein du Wiener Singverein, faisant ses ultimes classes de musique à Vienne. L’un comme l’autre seront des interprètes majeurs des partitions de Gustav Mahler alors même qu’à Vienne on tenait encore Mahler en piètre estime. Mais l’atmosphère de la ville, le souvenir des concerts pionniers de Mitropoulos, durent suffire.

Très tôt déclaré prodige de la direction d’orchestre, enregistrant pour les micros de Decca ses premiers disques avec les Wiener Philharmoniker, Mehta grava la 9e de Bruckner d’abord, puis la 4e de Schmidt et la Résurrection de Mahler, tiercé plus viennois était impossible. Et la Troisième Symphonie ? Elle attendra quelques années encore, mais Mehta en délivre aujourd’hui son quatrième enregistrement, et retrouve avec la même fraîcheur lyrique les échappées champêtres des Scherzi , et la pointe de fantastique à la fin du troisième mouvement, qu’il reproduisit toujours d’après le geste génial de Charles Adler. Tout comme Adler, il ordonne les tumultes du vaste premier mouvement, épurant leurs lignes et domestiquant l’énorme rugissement de l’orchestre : suggérer rend la terreur plus implacable.

Il aura revisité cette symphonie-monde à Los Angeles (avec Maureen Forrester, inoubliable) et à Munich, puis avec son cher Orchestre Philharmonique d’Israël pour Sony, rendez-vous un rien incertain. C’est encore une fois avec les musiciens juifs qu’il remet l’œuvre sur le métier. Malgré les années et le renouveau des générations, cette formation perpétue une identité sonore qui évoque la poésie, de timbres, d’accents, de phrasés, des orchestres de l’ancienne Europe d’avant l’Holocauste, cordes et bois idéalement mariés de son et de grain, tout un monde perdu qui est absolument celui de Mahler, je l’avais déjà vérifié lors d’une Septième Symphonie au Théâtre des Champs-Elysées voici quelques années.

Certains seront surpris par le pathétisme qu’y ose Mihoko Fujimura : son vibrato force le texte de Nietzche, même si Mehta lui allège le souffle par un tempo où le hautbois pleure pourtant, c’est à la fois merveilleux et déconcertant. Les gamins sont formidables, jusque dans l’assombrissement inquiétant de leurs dernières mesures. Puis l’orchestre prie un des plus beaux Finales que j’ai entendus, comme si Mehta s’y souvenait de son cher Claudio Abbado. Un tombeau peut-être, une émotion en tous cas.

Magnifique concert capté à Tel-Aviv le 14 juillet 2016, le livret de l’album est abondamment illustré.

LE DISQUE DU JOUR

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 3

Mihoko Fujimura, mezzo-soprano
Israël Philharmonic Orchestra
Zubin Mehta, direction

Un album de 2 CD du label Helicon 029680
Acheter l’album sur le site www.fnac.com ou sur le site du label Helicon Music

Photo à la une : Zubin Mehta, à la tête de l’Orchestre Philharmonique d’Israel – Photo : © DR

Daniel Barenboim : les belles années

Enfant prodige, puis tout jeune homme adoubé par Otto Klemperer qui accompagnera sa première intégrale des Concertos de Beethoven, Daniel Barenboim avait fixé au cours des années soixante son destin de pianiste avec une intégrale des Sonates du même Beethoven Continuer la lecture de Daniel Barenboim : les belles années

D’un Bal l’autre

Covent Garden en 1975 reprend l’inusable spectacle d’Otto Schenk, pure tradition habile que John Vernon capte platement. L’image a vieilli mais pas forcément le style qui colle au propos de Verdi et respecte cet ouvrage de demi-caractère Continuer la lecture de D’un Bal l’autre

La Symphonie de Vienne

En août 2002, Yakov Kreizberg avec son Orchestre Philharmonique des Pays-Bas, enregistrait une version étreignante de la 4e Symphonie de Franz Schmidt, faisant jeu égal avec celle des Wiener Philharmoniker et du jeune Zubin Mehta Continuer la lecture de La Symphonie de Vienne